Cela fait près d’un an que Géraldine est en rémission -elle préfère se dire guérie- après une année de traitements. « Je possédais des milliers de notes dans mon téléphone, sur lequel j’ai eu besoin de coucher le flot d’émotions qui m’a assaillie quand on m’a annoncé le cancer, le 21 novembre 2017 après une mammographie qui n’était qu’un examen de routine. Dans mes carnets que je remplissais au réveil, j’écrivais sans réfléchir, pour moi, sur le principe du « journaling » (écriture spontanée, ndlr). Et puis, à un moment, j’ai vu toutes ces notes, et je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse quelque chose. Que ce que je traversais pouvait servir à d’autres. » Dans ces pages, Géraldine raconte sa sidération- « Personne, dans ma famille, n’a jamais été atteint pas cette maladie » - ses appréhensions, sa mastectomie et son rapport à sa propre féminité, les réactions de son entourage, son quotidien.
Le tout sans fard. Mais sans dramatisation. « Mon titre ne veut pas dire que le cancer n’est pas grave. C’est seulement l’exact reflet de la manière dont j’ai vécu le mien. Il a révélé de nouveaux aspects des autres et de moi-même. J’ai vécu la maladie de manière assez douce et même avec une certaine curiosité. J’ai vite compris qu’il valait mieux que je vive tout ça comme une expérience. Et puis, les traitements n’ont plus rien à voir avec ceux d’avant. »
Aujourd’hui, Géraldine a quitté le journalisme et changé de vie. « Mais cet épisode ne m’a pas transformée radicalement. J’ai découvert la méditation, le yoga kundalini, je me connais mieux, j’ai revu mes priorités. Je ne mange plus de sucre raffiné, je me suis rendue compte que c’était mauvais pour moi, et peut-être l’un des facteurs qui a déclenché la maladie. Mon rapport aux autres a évolué. Avant, j’avais beaucoup d’angoisses, je me polluais l’esprit. Mais quand tu as fait face à ta plus grande peur, tu relativises. Aujourd’hui je sais qu’il y a des choses sur lesquelles on n’a pas de prise et les autres, sur lesquelles je me concentre. Cela peut surprendre, mais le cancer m’a apporté plus de choses positives que de choses négatives. Je ne le souhaite à personne mais il m’a permis de me rendre compte de ce que la vie a de plus précieux. »
Elle parle doucement, Géraldine. Mais avec aplomb. De la même manière dont elle a fait face. « Je sais que le cancer peut être horrible. 12 000 femmes en meurent chaque année. Je ne veux donner aucune leçon, ni aucun conseil. Si ce n’est qu’il ne faut pas avoir peur du dépistage. La médecine ne fait pas de miracle : le cancer du sein se soigne bien s’il est diagnostiqué tôt. » Elle reste très active sur son blog et les réseaux sociaux, « mais je me protège, et je fais en fonction de mon ressenti. J’entame un tournant professionnel après 20 ans à L’Express. Je fais la promotion de mon livre. J’ai lancé une newsletter. Après ? On verra bien. » Elle hésite à prendre le métro. Opte pour la marche à pieds. Désormais, le temps lui appartient.
Un cancer pas si grave, aux éditions Leduc. s
Pour suivre Géraldine sur Instagram et Facebook : @geraldinedormoy