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Alain Isnard : "Nos personnels restent mobilisés dans la lutte"

Seniors - Publié le 17 avril 2020
alain isnard fondation roguet clichy
Le 13 mars dernier, afin de préserver la santé fragile de ses résidents, la fondation Roguet a décidé de fermer ses portes aux visiteurs. Un mois après, l'établissement, qui accueille également des patients de Beaujon et Bichat, n’a pas été complètement épargné par l’épidémie. Point de situation avec son directeur, Alain Isnard.

Comment l’établissement est-il organisé pour faire face à l’épidémie ?

Depuis le début de l’épidémie, l’ensemble des décisions stratégiques visant à assurer le fonctionnement de l’établissement et la prévention du COVID 19 sont prises en cellule de crise qui s’est réunie pour la première fois lors du déclenchement du plan blanc, le 3 mars 2020. Depuis, elle se réunit tous les deux jours, y compris les week-ends. L’ensemble des services administratifs et d’encadrement de la Fondation ont par ailleurs été réorganisés en urgence, à la fois pour appliquer les consignes du Président de la République (continuité du service public et mise en œuvre du télétravail dès que possible) et pour répondre aux exigences de la crise.

La présence d’encadrement, médicale et de direction, a été renforcée. Ainsi, un directeur, deux cadres de santé et un praticien hospitalier (en plus du médecin de garde) sont présents sur site les week-ends et jours fériés.

Quelles ont été les principales mesures prises ?

Depuis le début de la crise, nous nous efforçons de mettre en œuvres les recommandations de bonnes pratiques transmises par le ministère de la Santé et l’ARS pour tenter de protéger les patients/résidents et le personnel. Il a ainsi été décidé, dès le 5 mars, de limiter les visites en demandant aux familles de reporter leur visite si possible et en communiquant sur les gestes barrières, notamment en installant, à proximité des entrées du gel hydro-alcoolique, et en mettant à disposition des visiteurs des masques.

Le bio nettoyage des services a également été renforcé. Suivant les recommandations de l’ARS, les visites ont ensuite été suspendues le 12 mars. L’établissement a alors été placé en confinement. Outre les visiteurs, tous les intervenants extérieurs non essentiels (bénévoles, certains fournisseurs…) se sont vus interdire l’accès à l’établissement.

Pour tous les autres, il est demandé de porter un masque. Tout professionnel de l’établissement présentant des symptômes jugés inquiétants a été confiné chez lui. Depuis deux semaines, nous avons la possibilité de soumettre l’ensemble des professionnels présentant des symptômes, au test COVID.

"Nous sommes dans l’oeil du cyclone"

A compter du 3 mars, des points d’informations quotidiens ont été organisés à destination des équipes de soins pour les informer des mesures prises et les former sur les gestes barrières.

Depuis le début de l’épidémie, notre service achat et la direction s’efforcent tous les jours de faire acheminer du matériel de prévention.

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Nous avons démarré l’épidémie avec un stock limité de masques chirurgicaux et un stock très faible de FFP2. Au départ, suivant les recommandations nationales, nous avons limité le port du masque chirurgical aux personnels présentant des symptômes respiratoires ou des toux, ou prenant en charge des patients/résidents à risque. A l’apparition des premiers cas de COVID chez nos patients/résidents, les FFP2 ont été réservés aux actes particulièrement dangereux réalisés par les médecins ou les infirmiers (prélèvements COVID, aérosols…).

Nous avons maintenant des stocks de masques chirurgicaux suffisants pour permettre à nos professionnels d’en porter en permanence. Enfin notre stock de FFP2 nous a permis d’équiper les personnels travaillant au contact de patients/résidents COVID.

Nous avons également constitué un stock de sur-blouses, charlottes et visières de protection permettant d’en distribuer au personnel selon les recommandations de bonnes pratiques. Par ailleurs le début de l’épidémie, nous avons réussi à maintenir un stock de solution hydro alcoolique suffisant pour assurer le respect des gestes barrières.

Un mois après avoir décidé de confiner vos résidents, quelle est la situation actuelle à Roguet ? Avez-vous dû faire face à des cas de Covid ?

Oui, comme dans toutes les structures de santé en France nous n'avons pas été épargnés, mais pas plus qu’ailleurs. La situation dans les établissements de santé à vocation gériatrique, comme le nôtre, reste sensible au regard du profil de nos patient et résidents, porteurs pour certains de pathologies diverses et très lourdes. Malgré tous nos efforts, des cas de COVID se sont révélés dans certains services et depuis, nous avons malheureusement connus d’autres cas et contamination et des décès. Dès l’apparition du 1er cas, nous avons procédé à l’isolement. Ainsi, depuis plusieurs semaines l’ensemble de nos patients/résidents sont confinés en chambre, selon les recommandations en vigueur.

Il est à noter que nous constituons par ailleurs un aval privilégié en matière de gériatrie pour les établissements dits de “première ligne COVID” comme le CH Bichat et celui de Beaujon. Il n’est ainsi malheureusement guère surprenant que nous ayons à déplorer plus de décès qu’en temps normal. A l’image des services de soins d’Île-de-France notre réalité en ce moment est compliquée, nous sommes dans l’œil du cyclone mais nous espérons que la situation tende à se stabiliser : nous avons tout mis en place pour limiter au maximum les risques.

Comment avez-vous procédé pour garder le lien entre les résidents et leurs proches ?

Depuis le confinement de l’établissement, nous nous sommes efforcés de maintenir le lien entre nos patients/résidents et leurs familles. Des envois de sms et mails ont d’abord permis d’informer les familles des dispositions prise par l’établissement. A partir du 18 mars une ligne dédiée à l’information des familles (le 01 41 40 46 01) a été mise en place.

Un agent administratif a été affecté à plein temps à ce poste. Elle répond aux familles, les informe et fait le lien avec le personnel soignant et médical. A partir du 23 mars, nous avons mis en place un dispositif permettant aux familles de prendre des rendez-vous téléphoniques avec les patients/résidents ne pouvant pas téléphoner de façon autonome, afin d’être aidé par un professionnel de l’établissement. Depuis le 1er avril, ce dispositif est complété par un service de visioconférence, assuré par nos rééducateurs, nos psychologues et notre élève-directrice. Depuis le 16 mars des containers dédiés ont été installés à l’entrée de l’établissement pour permettre aux familles de déposer des colis à leurs proches.

"Nous n’avons pas été épargnés,
mais pas plus qu’ailleurs"

Par ailleurs, nous nous efforçons de répondre le plus rapidement possibles aux courriels envoyés à l’adresse mail « usagers ». Les professionnels ont envoyé de nombreuses photos des patients/résidents aux familles pour les rassurer.

Depuis la semaine dernière, nos renforts de personnels médicaux (recrutement de médecins en CDD et renfort d’internes en médecine de l’APHP) permettent une plus grande disponibilité des médecins pour des rendez-vous téléphoniques avec les familles.

Enfin, une gazette d’information à destination des familles leur sera bientôt envoyée.


Quelle est la situation au niveau du personnel de l’établissement ?

Nous avons constaté bien sûr des cas au sein du personnel heureusement sans gravité. Une seule personne a dû être ponctuellement hospitalisée. J’en profite ici pour dire ici ma franche admiration pour nos personnels, qui malgré les difficultés auxquels ils sont souvent confrontés du fait du confinement, de la raréfaction des transports et plus généralement d’une certaine précarité inhérente à leurs conditions de logement, restent mobilisés, déterminés dans la lutte auprès de nos patients et résidents.

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Avez-vous reçu du soutien ?

Oui, énormément, que ce soient des aides collectives ou spontanées. C’est pourquoi je souhaitais aussi remercier toutes les personnes nous ayant fait parvenir des messages de soutien mais aussi l’ensemble des entreprises, simples particuliers ou collectifs internet qui nous ont fait parvenir des dons matériel notamment de protection.

A l’image de ce que la Ville de Clichy a pu nous apporter comme appui via le Centre de santé Chagall-Goüin et ses professionnels ainsi que les services de la petite enfance qui ont fait le maximum pour que les enfants du personnel puissent être accueillis pendant que leurs parents sont auprès des patients sans oublier bien sûr nos collègues de l’Agence Régionale de Santé et du Département qui eux aussi font le maximum pour que nos établissements puissent continuer à fonctionner et à soigner.
Cette crise sanitaire est aussi l’occasion de voir des choses très belles : je me souviens notamment d’un Clichois qui nous a proposé de nous offrir les masques expédiés par sa sœur depuis la Chine, une trentaine, à un moment ou la tension était très importante. Nous lui avons conseillé de garder ses masques pour lui et sa famille, mais le geste était réellement touchant et a éclairé une journée par ailleurs bien difficile.

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