Ville de Clichy
 

Théâtre Rutebeuf

Au centre des allées Gambetta, la municipalité a décidé dès 1909 la construction d'une salle des fêtes et maison municipale.L'édifice abritait à l'origine une bibliothèque, un conservatoire de musique et des salles de réunion.Sa transformation en théâtre ne date que de 1990, à la disparition du dernier cinéma de la ville, et date à laquelle il est devenu lieu de programmation théâtrale et cinématographique

Histoire

Le théâtre Rutebeuf doit son nom au poète éponyme, dont le buste orne le hall. Jongleur et trouvère de la fin du XIII ème siècle, Rutebeuf chante les malheurs de sa condition, dénonce la corruption du clergé et des puissants, en rupture avec la tradition courtoise. La forêt de Rouvray, alors sur le territoire de Clichy et dont le bois de Boulogne est le dernier vestige, sert de cadre au poème Renart le Bestourné.

Ouvertes en 1908, les allées Léon Gambetta prolongent la place des Fêtes (1883, actuelle place des Martyrs de l'occupation).
Larges de 410 mètres et longues de 400 mètres, elles relient le boulevard jean Jaurès à la place de la République. Contrairement à la Place des Fêtes, ce nouvel axe a bénéficié d'une unité architecturale impulsée par la construction des immeubles de style haussmannien aux extrémités. La plupart des constructions, postérieures à la Première guerre mondiale, sont également influencées par l'Art déco.

Pauvre Rutebeuf

Qui était donc ce Rutebeuf, dont le nom nous est connu au travers de la chanson « Pauvre Rutebeuf » de Léo Ferré ? Si on sait en fait très peu de choses sur lui et sur sa vie, il est incontestable que son oeuvre constitue un tournant dans la poésie des trouvères du 13ème siècle. 

Quand on prononce le nom de Rutebeuf, celui-ci est le plus souvent associé à une chanson intitulée justement « Pauvre Rutebeuf », qui fut composée par Léo Ferré dans les années 60 et reprise depuis par différents artistes, à commencer par Cora Vaucaire à la même époque, puis par Françoise Hardy et beaucoup d’autres. Les vers « Que sont mes amis devenus, Que j’avais de si près tenus, Et tant aimés » constituent le début du poème. Ces paroles et celles qui les suivent ont été transcrites en français moderne pour devenir reconnaissables par tous, sinon compréhensibles. En réalité, elles ont été écrites dans une langue française bien ancienne, car le « pauvre Rutebeuf » était un poète du 13ème siècle, et non des moindres. 

En effet, à cette époque, la « poésie courtoise » des trouvères règne en maître sur l’art littéraire, et il n’était nullement question de faire part de ses sentiments, de ses émotions propres. Il était tout aussi inconcevable jusque là de faire référence aux difficultés du temps vécues par les pauvres et les miséreux, ce que va faire précisément Rutebeuf. C’est surtout pour cette rupture avec les canons de l’époque que Rutebeuf est considéré aujourd’hui comme le poète le plus important de son siècle, c’est-à-dire celui qui a révolutionné l’art poétique, tout en conservant le plus souvent les formes traditionnelles de l’écrit, à savoir notamment la « complainte ». En réalité, au-delà de ses écrits poétiques, on ne sait quasiment rien de Rutebeuf. Son nom même, que l'on trouve dans ses vers, est sans doute un surnom, composé des mots « rude » et « boeuf ». Né vers 1230, il est peut-être d'origine champenoise, mais vit à Paris. Il est sans doute poète de profession, a suivi des études supérieures, ce qui ne l’empêche pas de connaître, semble-t-il, des phases de grande pauvreté. À l'exemple des poètes de son temps, ce «bon trouvère» semble vivre en effet une existence errante et misérable, au temps où la France des nobles et du haut clergé confirme son emprise et construit partout des cathédrales.

La carrière littéraire de Rutebeuf – qui s'étendrait d'après les textes que nous pouvons dater avec précision de 1248 à 1272, et peut-être plus tard – se décompose en plusieurs périodes. Le premier écrit connu de Rutebeuf est « Le Dit des Cordeliers », oeuvre de polémique locale, à Troyes (1249).

Il met ensuite son talent de poète au service du clan universitaire de Paris et de son recteur, Guillaume de Saint-Amour, qui lutte contre l'intrusion des ordres mendiants, des frères Prêcheurs et en particulier contre les franciscains; de 1255 à 1259. Son oeuvre est d'une grande diversité, tant par sa forme que par son contenu. Au-delà de la célèbre « chanson » mise en musique par Léo Ferré, ses vers les plus connus sont les « Poèmes de l'infortune », qui peignent la pauvreté, le froid, le jeu, la débauche, la vie et la mort pitoyable de ses compagnons de misère.

Ses poèmes s'adressent au lecteur et cherchent à l'émouvoir par des situations ou des détails qui semblent évoquer son propre vécu, même si rien n’en prouve la véracité. Mais peu importe au final, car la langue de Rutebeuf est d'une grande beauté et continue à nous émouvoir près de huit siècles après : « Ils ont été trop clairsemés, Je crois le vent les a ôtés, L’amour est morte »

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